16 mai 2015

Transvulcania: une transition des cimes éternelles au sable fin.

A peine le Trofeo Mezzalama et la saison de ski terminée, je me suis envolé pour débuter la saison de trail sur l'Ile de La Palma aux Canaries pour la mythique Transvulcania. Nous arrivons 5 jours avant la course et le temps est mixé entre récupération du ski, randos sur le parcours du GR131 et acclimatation à la chaleur ambiante en profitant des belles plages des lieux. Tout va bien mais comme à chaque début de saison Trail, c'est un peu l'inconnu. J'ai pu faire quand même une quinzaine de sorties à pied mais seulement 2 sorties plus longues. Ma crainte principale est la chaleur car sur les crêtes du Lyskamm le 2 mai la température était autour des -20 degrés et il en sera tout autre ici. Je me sens finalement assez bien sur cette Ile et il est temps de commencer les choses un peu plus sérieuses avec la course. Fini la plage et la rigolade pour un jour au moins. Samedi 9 mai, départ à 6 heures du matin. Je me lève ainsi à 4h pour avaler un petit déjeuner. Je suis assez serein et me réjouis de participer à cette magnifique fête du Trail. Je retrouve donc le phare de Fuencaliente où nous sommes tous agglutinés dans ce petit lieu magique au bord de l'océan. Des milliers de lampes frontales brillent et tout autour de moi j'aperçois les grands noms du Trail comme l'espagnol Hernando ou encore les américains Jones et Olsson. C'est une superbe ambiance et tout le monde crient à mesure que le compte rebours arrive à son terme. C'est parti!!! Comme l'an dernier cela bouscule pas mal et mieux vaut ne pas tomber. Je salue Christophe Le Saux et je pars à l'assaut de ce sentier volcanique. J'ai de bonnes jambes ce matin et ça monte tout seul. Je profite de me replacer tout en gérant bien cette montée. Je me cale derrière l'Italien Dapit qui grimpe à bon rythme. Cette année, j'ai choisi t'utiliser les bâtons et ça me permet de marcher très vite et de m'économiser alors que la plupart des trailers courent. Je jette quelques coups d'œil derrière moi afin d'apercevoir toutes les lucioles formées par les lampes frontales. Il est temps de bifurquer et de grimper le raidar sous Los Canarios où une foule immense nous attend. Tout va vraiment bien et les sensations sont justes excellentes. Un verre d'eau et me voici en route pour les volcans. Même topo, je marche à grandes enjambées et je tiens un super rythme sans trop laisser de force. Le jour apparaît et les premiers rayons du soleil m'accompagnent sous le volcan El Martin. C'est de la pure magie!!! 
 Une joie, un plaisir immense de courir et un paysage exceptionnel, tout est réuni pour une journée fantastique. Je suis alors en compagnie de l'Amerciain Jason Schlarb et toujours de l'Italien Fulvio Dapit dans cette montée pour Las Deseda. Cela n'a l'air de rien mais déjà 2000m de dénivelés ont été parcourus ce matin. Je prends 1 minute pour prendre de l'eau à ce ravitaillement avant de descendre sur El Pilar. Aurélien Dunand Pallaz me passe au début de la descente et je vois assez vite mon manque de préparation dans les descentes où je ne peux pas suivre. Je suis pas super à l'aise et je tape pas mal des pieds. On fait avec et me voici donc au refuge El Pilar après 2h42 où je retrouve Martine pour le ravito. Tout va bien jusqu'ici à part une hanche un peu rouillée mais je suis d'attaque pour la suite. Il fait bon chaud et je me retrouve seul sur les 6-7 kilomètres de piste jusqu'à Reventon. Ce n'est pas évident car j'ai de la peine à avoir de la vitesse sur cette partie ultra roulante et je n'avance pas trop surtout que je n'ai aucun coureur en vue. Je laisse passer un peu le temps en regardant le paysage et en me concentrant sur la suite. Voici enfin le ravito de Reventon où je fais le plein pour la suite. C'est parti maintenant pour une magnifique partie en direction du Pico de la Nieve que j'ai reconnu 3 jours avant. Une partie difficile mais surplombant la Caldeira et le Parc National où les vues sont splendides. J'ai un peu de peine à relancer en faux plat montant alors je marche le plus vite possible pour limiter la casse et je cours aussi dès que je le peux. Je suis bien et je vois que je reviens sur quelques trailers devant moi dont Julien Jorro que je rejoins au refuge de Punto del Los Roques. C'est super beau mais la chaleur est bien présente. Je retrouve aussi Timothy Olsson dans la petite descente et j'aperçois une petite fusée bleu Salomon pas très loin qui descend très vite! Pas de doute, c'est Emelie Forsberg qui me rejoint un peu avant le Pico de La Nieve. Quel mental et quelle pêche! C'est sympa avec Emelie car sur toutes les courses de ski alpinisme ou de trail on fait un bout de chemin ensemble pendant la course.
Elle est super forte et m'encourage à la suivre mais après 2-3 km en sa compagnie je laisse partir car je suis bientôt à sec. J'ai soif! Mauvaise surprise car il n'y a pas de ravito au Pico de la Nieve et un bénévole me donne quand même un coup d'eau. Il me faudra attendre le Pico de la Cruz pour faire le plein dans 5 à 6km. Les montagnes russes commencent avec 10 kilomètres de petites montées, relances et petites descentes parfois techniques. Et là, je subis! Je manque d'énergie, j'essaie de me ravitailler avec ce qui me reste d'eau mais je suis collé au sentier et je dois beaucoup marcher pour avancer sans encombre. Je pense alors plus à progresser qu'à aller vite! Enfin le ravitaillement arrive et je refais le plein pour la suite. Je peine toujours un peu jusqu'au sommet de l'Ile, le Roque de La Muchachos. Niveau paysage, c'est superbe et l'ambiance aussi est au top! Pas trop de fatigue et tout est assez bien à ce point. Je refais mes réserves d'eau et je prends une bonne douche grâce à un bénévole qui me verse des bidons d'eau sur ma tête. Je suis alors paré pour affronter cette descente que je crains un peu de part la chaleur et la difficulté. La donne est simple: 18km et 2400m de dénivelés négatifs dans un terrain assez technique. C'est parti et je m'arrose sans arrêt pour éviter un coup de chaud. Je trouve enfin un rythme correct après les 4 premiers kilomètres en dents de scies. 
Plus je descends et plus je me rapproche de mon but! J'ai une pensée pour le vainqueur qui doit être juste dessous moi à Los Lanos tandis qu'il me reste plus de 15km. Quelle performance  incroyable devant!!! Je reviens sur plusieurs coureurs dans cette descente que je négocie pas trop mal. Il me manque la prise de risque mais sinon c'est acceptable. Un petit coca à Torre del Time et je plonge sur la plage de Tazacorte. Ces premiers kilomètres après le ravito sont assez triste car le terrain n'est pas très beau et nous passons tantôt entre des zones habités, des plantations de bananes et des routes. Cette belle plage est donc là dessous et des odeurs dégoûtantes de fritures remontent à mes narines. Je descends mal dans ces 2 derniers kilomètres car je sens un peu la surchauffe. Me voici à 0 mètre mais la course n'est pas finie! Candide me ravitaille et m'encourage après une nouvelle douche. Je suis trempé mais bien! 
Allez encore 5km! Ceux-ci s'avéreront bien dur car je suis entrain de me prendre un bon coup de chaud et ma tête tourne. Je suis en mode finir, juste finir. Beaucoup de marche, très peu de course dans cette ravine et dans ce final peu intéressant jusqu'à Los Lanos. Les spectateurs sont super et je trouve une petite douche chaque 5 minutes! Je ne cherche plus qu'à en terminer car je souffre pas mal du chaud dans ces derniers kilomètres. Me voici enfin dans la ville et j'ai l'impression de ne jamais y arriver. Je n'ai plus une grande foulée et je fais au mieux!
Voilà le tapis rouge me signalant les derniers mètres. C'est fait et honnêtement avec une 27ème place au scratch et un temps de 8h50. 
Je suis content et je profite de l'après course alternant douche, piscine, et massage. Le bilan de ma Transvulcania est satisfaisait car la place est bonne mais le temps un peu moins. Il y a eu beaucoup d'abandons devant et je suis déjà bien content d'avoir terminé dans un bon état physique sans avoir du trop puiser dans mes ressources. Je suis dans les mêmes zones que l'an passé en ayant lâché les skis 1 semaine avant et cette première épreuve va me permettre d'aborder la suite dans de bonnes conditions. J'avais beaucoup moins de sorties Trail que l'an passé et j'ai tout de même bien géré ma course en étant très bien pendant 40km avant d'avoir une baisse de régime ensuite. Cette course est magnifique de part son ambiance et je trouve que c'est vraiment une belle fête du trail et une belle épreuve pour débuter la saison. 
Copyright photos: jh gabioud

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