5 septembre 2010

UTMB 2010: Le récit

Mon UTMB 2010, une aventure en 3 actes :

Ce week-end d’ultratrail du 27 au 29 août fut rempli d’événement, je vais expliquer les différentes étapes et l'histoire vécue tout au long de ce week-end.
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1 acte :

Jeudi, les prévisions météo sont mauvaises, des risques d’orage et des pluies sont prévues, il est temps de se coucher et d’espérer une meilleure météo. Vendredi matin, le temps est couvert sur La Fouly et les premières pluies arrivent vers 9h, c’est le moment de préparer le matériel. En début d’après-midi, je me déplace sur Chamonix où je me rends à la remise des dossards. A ce moment, j’opte pour mon sac 10l quechua afin de pouvoir prendre assez de couches pour passer la nuit à 2500m où de la neige est prévue. Je ne prends pas de risque au niveau matériel, car un équipement chaud pourrait m’avantager en condition extrême par rapport à d’autres coureurs partis très « light ».
Je m’approche au dernier moment sur la ligne de départ vers 18h afin de rester au calme, grâce à mon dossard 27, je peux accéder dans le 1er groupe de départ. A ma gauche, Delebarre, à droite Bonaudo et juste devant moi le favori Jornet, un moment incroyable.

18h30, la pluie arrive et le grand départ est donné, à peine parti et je vois Kilian Jornet à terre, il a dû se faire bousculer ? La course continue et je fais bien attention à ne pas tomber, à la sortie de Chamonix, la fusée Jornet est en marche et il slalome à travers tous les trailers, impressionnant ! Je cours à bon rythme et passe devant les Gaillands où Lorblanchet et Bonaudo me dépassent, il y a énormément de monde qui crie et encourage les coureurs. Il pleut, il flotte même et cela seulement après 15 minutes de course, tant pis il faut avancer quand même. J’arrive au goudron à la hauteur du barrage, je remonte aux Houches sous des trombes d’eau, les spectateurs sont toujours là et aussi nombreux. Je passe en 36 minutes au ravitaillement des Houches où il reste encore 1km de plat avant la montée sur le Délevret (la Charme), les jambes sont super et je ne pensais pas pouvoir être aussi rapide en ce début de course. J’attaque d’entrée la montée sur un gros rythme de marche, je passe Tracy Garneau et je relance à la hauteur de Maisonneuve, tout va bien et quelle ambiance !!! Je reviens sur Thomas St-Girons (1er ultra templier 09) et Pascal Blanc, je discute aussi avec Matthieu Girard. Sous le col de Voza, je mets quand même la veste par précaution, me voici au Délevret au 1er pointage (48ème à 11 min de la tête de course). Je relance encore jusqu’à l’alpage de la Charme. Je papote aussi avec Patrick Bohard (1er TDS 09) d’Asics et nous nous lançons ensemble dans la descente sur St-Gervais, la descente est délicate avec l’herbe mouillée et la boue. J’assure bien afin de préserver mes cuisses et je me fais dépasser par quelques trailers, la pluie a cessé et je rentre dans St-Gervais dans une ambiance incroyable, il y a des gens partout et des enfants qui vous tapent dans les mains!!! Je pointe en 2h06 soit 5 minutes de mieux que 2009, un coca, je remplis le camelback et c’est parti pour 10km de faux-plat pas très intéressant.
Mes compatriotes Ryan Baumann et Matthieu Girard me reprennent, j’alterne course et marche sur cette partie, j’ai le ventre qui remue un peu alors je ne veux pas trop forcer et la course est encore longue. Je suis maintenant sous les Contamines à coté de la rivière qui est en crue, je suis seul et je reste bien à gauche du chemin car je n’aimerais pas me faire emporter ! Les Contamines, 500m encore, un spectateur me dit que la course est neutralisée, je ne comprends pas ! J’arrive au ravitaillement à 21h50 et je vois tout plein de trailers, on m’explique que la course est arrêtée à cause d’une coulée de boue ! Je retrouve mon équipe d’assistance et je me change rapidement en espérant un nouveau départ. Pendant ce temps Candide arrive et la course est annulée !!! Nous sommes surpris et cela est un petit choc, la montagne a gagnée et l’UTMB 2010 est terminé le vendredi à 22h! Nous revenons un peu déçus sur Chamonix pour encourager et voir les arrivées de la CCC et notamment de Maud Giraud. Nous croisons aussi Toni et Pierre-André du même club que moi, les Lafoulytrailers.

2ème acte :

Arrivé à Orsières vers 2h du matin, je regarde encore le live de la CCC et je me couche pour une courte nuit (à cette heure, je devrais plutôt être vers le col de la Seigne). A 8h, Candide mon frère me réveille et me dit avoir reçu un sms à 7h56 qu’un départ avait lieu à 10h de Courmayeur pour une CCC. Pff, que faire, j’ai quelques secondes pour me décider, Candide me motive, j’appelle le PC course et c’est reparti pour une nouvelle aventure ! Je rassemble quelques affaires et je saute dans la voiture à 8h15 direction Courmayeur, je grignote un petit quelque chose et m’habille à la va-vite. 9h40, nous arrivons à Courmayeur où je prépare encore le sac de course et je me place sur la ligne.

3ème acte :

Le départ est donné à 10h15 pour une CCC light sans la tête de la Tronche. Dans les rues de Courmayeur, le peloton s’étire et je garde un bon petit rythme de course sur les 1ers mètres de montée. Je marche maintenant en direction de Bertone, les cuisses tirent un petit peu et c’est assez dur de me mettre mentalement dans la course. Je retrouve quelques forces et revient sur Christophe Jacquerod peu avant Bertone (49min), un coca et c’est parti pour le petit sentier en balcon. Curieusement, les cuisses répondent bien et je cours pratiquement sur tout le sentier jusqu’à Bonatti et j’arrive à Arnuva assez bien en 2h10. 2 minutes de pause et me voila au pied du Grand col Ferret, une de mes montées préférées.
Il pleut au Grand col et les nuages sont très présents. J’attaque la montée mais le chemin très boueux et le vent ralentissent ma progression. Je pioche un peu dans cette montée par rapport aux entraînements et je mets la veste vers 2300m. Au sommet, un courageux bénévole me pointe et je me lance dans la descente. La descente se passe super bien et les jambes sont au rendez-vous, peu avant la Peule, je reviens sur Jacquerod qui n’a pas l’air au mieux. Je plonge maintenant sur les Ars où Candide m’attend, il crie et agite la cloche comme un fou, super !!! Karine Herry, spectatrice, m’annonce le top 10, 20 minutes avant moi, ça motive !! Je passe devant ma famille venu me soutenir, il me reste encore quelques kilomètres pour arriver sur La Fouly, le chemin est très boueux et je reste prudent. Je rentre dans La Fouly et salue la famille, les amis et les spectateurs, ravitaillement rapide avec 2 soupes et un coca et je pars pour Champex. Il pleut et le parcours a été modifié, pour éviter un passage délicat, quelques kilomètres sur routes goudronnées s’impose. Je n’aime pas trop cette partie mais l’avantage, c’est que la famille m’encourage partout. Je remonte sur Champex sur le chemin des champignons, le chemin passe bien et j’arrive sous la tente pour un nouveau ravito express, je dis quelques mots au micro du speaker, je me change et repars pour Bovine. Je me sens assez bien et je sais qu’il me reste encore 3 grosses montées, au pied de Bovine je monte bien malgré les rochers humides et les conditions difficiles, à la sortie de la forêt, je vois l’espagnole de salomon Néré Martinez qui était déjà avec moi la veille avant les Contamines. Je relance sur le plat car je souhaite revenir sur l’espagnole. Je pointe à Bovine où je ne m’arrête pas afin d’attaquer au plus vite la descente. J’ouvre l’enclos au sommet de Bovine et je plonge sur Trient, j’ai des jambes du tonnerre et je prends un grand plaisir dans ce toboggan de boue. Je rattrape l’espagnole Martinez qui me demande s’il y a des femmes qui reviennent derrière moi. J’arrive au col de la Forclaz où Candide m’attend avec la cloche, il m’annonce Nicolas Mermoud juste devant. Je reviens sur Mermoud qui m’indique abandonner à Trient. Je prends 3-4 minutes de pause à Trient après 45 min de descente et la 2ème femme me double, je repars à mon tour et je la rattrape un peu plus tard. Je commence à mieux monter, c’est le moment !!! Aux Tseppes, le brouillard traine, je file vite sur Catogne. La descente sur Vallorcine s’annonce glissante, en effet, le chemin est démonté et il y a des énormes quantités de boue. Je rattrape le trailer franco-suisse Prost à Petit avant Vallorcine, Candide est monté et me donne quelques indications. A Vallorcine, je remplis le camelback sous les yeux du japonnais Kaburaki et repars rapidement avec un trailer basque. Je suis actuellement en position 34, je ne gagne pas beaucoup de rang car devant il n’y a presque pas d’abandon. Je croche jusqu’au Montets et me voici au pied de la Tête aux Vents. Le basque part sur un gros rythme, je laisse quelques mètres… Je reviens sur lui et il se met de coté, je continue à revenir sur des trailers dont Renaud Rouanet et François Lachaux. Je prends pas mal de risque jusqu’au pointage de la Tête aux Vents ou je suis 27ème comme l’an dernier ! Je discute avec François Lachaux, nous parlons bien car nous nous sommes souvent retrouvés sur les mêmes trails. Je passe vite le ravitaillement de la Flégère et remonte au téléphérique. Me voici près pour la dernière descente, Candide m’avait trouvé lent en 2009, il est temps de faire un temps dans cette descente malgré la nuit. Je pars sans réfléchir à fond sur la piste de ski, et ensuite dans le chemin de racine, Lachaux me rattrape et il chute… Il n’a rien et il descend aussi très fort. En peu de temps, j’arrive à la Floria et sur la route en terre. Je me surprends à relancer encore sur cette partie, l’usine, le petit pont et je suis dans Chamonix. Derrière, je n’ai pas vu de lampe, ça devrait le faire…

Mon frère est là et m’encourage à outrance, il est encore plus content que moi ! Je longe l’Arve et je rentre dans le centre de Chamonix sous les applaudissements des nombreux spectateurs, la musique de l’UTMB me rappelle le bon souvenir de 2009, la dernière ligne droite et me voici sous l’arche après 12h21 et 28ème!!! Je suis accueilli pour la 1ère fois par Mme Poletti qui me félicite. Je regarde ma montre, 45 minutes pour une dernière descente de folie… Monstre beau !!!
Pour finir, malgré l’arrêt de la course aux Contamines et la déception de ne pas avoir pu à nouveau vivre une expérience comme l’année dernière sur le tour complet, je suis satisfait d’avoir pu tout de même vivre une jolie aventure sur cette CCC et prendre du plaisir à vivre cette aventure avec ma famille et les spectateurs présents dans ma région. Les satisfactions sont que je suis resté très lucide tout au long du parcours et les descentes se sont passé super bien !
Merci aux encouragements de tous les spectateurs et à ma famille pour son assistance !!!
De retour à Chamonix dans 1 mois, pour les Aiguilles Rouges et j’espère voir le Mont-Blanc à cette occasion !
Vive l’UTMB et vivement 2011 !

1 commentaire:

  1. Salut jules-henri,
    félicitation pour ta course et ta belle 28e place. moi, malheureusement je n' ai pas pu reprendre le départ le lendemain, dommage. vivement 2011.
    anthony

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