C'est en décembre dernier lors de la préparation de la saison que j'avais coché
cette course. Elle m'intéressait car dans mon envie de découverte, l'Atlas et
le Maroc faisaient parties des destinations que je souhaitais voir une fois. Pas
mal de bons trailers sont venus si frotter comme Sherpa, Bohard ou encore
Lejeune les années précédentes et je suis prévenu de la difficulté du parcours.
Cet ultratrail traversant les plus beaux paysages montagneux du Maroc est aussi
un des plus importants trails du continent africain après le Marathon des Sables.
J'arrive deux jours avant sur place dans l'Atlas dans la petite station de ski
d'Oukaimeden à 2600m. L'endroit est paisible et permet de bien se reposer avant
la course. Nous faisons quelques petites balades et dégustons la cuisine locale
avec les tajines et autres couscous.
Il est 4h le jeudi matin quand le réveil sonne dans le chalet du CAF
d'Oukaimeden. Le petit déjeuner est rapidement digéré et nous nous dirigeons
vers la ligne de départ sur la plaine d'Oukaimeden.
Je ne sais pas quels coureurs sont présents et je sais juste que je
serais bien prudent sur ce trail. En effet, il y a seulement 3 ravitaillements
sur ces 105km ainsi que 1 à 2 points d'eau d'appoint. Mon sac est plein avec du
ravito pour toute la course et 2 litres d'eau, attention à la déshydratation!
C'est parti avec Ludo Collet au micro qui met l'ambiance. Les départs du 42 et
du 105km sont commun et le marocain El-Morabity double vainqueur du Marathon
des Sables prend les commandes à bonne allure. Je reste bien en retrait et je
remarque que le vent et la chaleur déjà présents m'assèche et je bois déjà
beaucoup après seulement quelques kilomètres. Ça me soucie un peu pour la suite
et je profite pour faire un bout de chemin avec Candide qui est bien en jambes
ce matin. Les 10 premiers kilomètres de pistes ne sont pas très intéressant
hormis la vue sur le trait de lumière fait par les frontales des autres
participants. Le vent est très fort et je retrouve un peu de rythme à la fin de
la montée du Tizi Agouns. Je profite pour mettre le t'shirt court et les bâtons
sur le sac. Le jour arrive et des montagnes à perte de vue s'offre devant moi.
C'est beau l'Atlas!!! La descente sur piste est peu intéressante et je ne suis
pas encore assez réveillé pour descendre bien vite. Voilà le fond de la vallée
qui arrive et je retrouve un joli sentier serpentant à travers villages et
cultures. J'ai profité de cette partie pour revenir sur mon ami de Chamonix
Nuno qui est aussi sur l'ultra. Km 19,5 il est temps de quitter les autres
coureurs du 42km et de continuer en direction de Setti Fatma. Nous croisons
beaucoup d'habitants qui ont l'air surpris de nous voir et qui parfois nous
encourage. C'est bien d'être avec Nuno sur cette partie car on se connaît et
nous parlons histoire de faire passer le temps! Un double balisage dans le
village de Tadrart nous fait perdre 2-3 minutes avant de retrouver la piste.
Ça avance bien mais j'ai pas les grandes jambes sur cette partie ennuyeuse.
Nous apercevons enfin un 4x4 et un point de ravitaillement, c'est le PC3 au 30
ème kilomètre. Je suis content d'y arriver et nous voyons dessous nous le 1er
coureur qui a presque 10 minutes d'avance. Je suis calme et je prends bien le
temps de faire le plein d'eau pour les 38km qui m'attendent sans
ravitaillement. C'est parti et je ris du poids de mon sac car j'ai presque 2,5
litres d'eau avec moi, chose rare... Je suis bien avec Nuno et c'est rassurant
d'être à deux dans une course inconnue. Je guète Candide qui est quelques
minutes derrières et je l'encourage en criant. Enfin la piste est finie et
j'emprunte les sentiers de la vallée de l'Oued Ourika. C'est de la pierre
partout mais on apprécie les paysage à juste valeur avec Nuno. Attention, une
mule par ci ou un troupeau de chèvre par là ralentissent notre allure.
J'aperçois 2-3 minutes devant le 1er trailer. Il y a pas mal d'habitant dans ce
village et nous sommes interviewer dans la montée du Tizi Tamatert. Le chemin
fait de terre et de gravier ne permet pas de solide appui et je suis satisfait
d'avoir les bâtons. Une petite descente se présente et le Tizi Amenzel est déjà
devant nous. Je bois abondamment et grignote mes bonnes barres +watt poires
tout en m'arrosant dans la rivière. J'accélère un peu le pas pour recoller dans
ce col et la jonction est faite sur Rudy au sommet.
Des jeunes berbères sont
ici pour vendre des boissons et l'occasion est trop belle pour un petit coca. Nous sommes les trois ensemble et traversons le petit village d'Amenzel et je suis
encore bien frais et facile après ce début de course. Nous grimpons maintenant
une vallée avec une belle rivière et des rochers partout, c'est vraiment beau
et sauvage!!! Le terrain ressemble un peu aux moraines glaciaires de chez nous.
Deux petites tentes visibles nous signale l'arrivée au 50 ème kilomètre au PC
4. Deux bénévoles sont ici et par chance, nous trouvons un peu d'eau. Je
remplis les flask et je file droit dans la pente en direction du Tizi
Oumchichka. Ce col est un vrai mur et je donne le rythme tout en étant
impatient de découvrir l'autre côté! Nous y voici après une dernière traversée
où je me couvre! J'y retrouve un ami bénévole du val d'Aoste Eliseo, c'est beau
ici! J'apprécie bien le parcours et nous continuons tous les trois jusqu'au
68ème kilomètres. Le tracé alterne alors petites montées et descentes et les petits
villages traversés sont de petites oasis de verdure. Les tentes du PC 6 sont
présentes au détour d’un virage. La partie avec très peu de ravitaillement a
été bien gérée et je suis heureux de retrouver de quoi grignoter. J’en profite
donc pour prendre quelques chips et un peu de jambon tout en me fracassant la
tête dans la petite cabane de ravitaillement trop petite pour moi, ça réveille
! Ce n’est pas l’heure pour un resto et après 7-8 minutes d’arrêt je repars.
Rudy a été un peu plus rapide au ravitaillement et nous le retrouvons quelques
minutes après avec Nuno. Je reprends les devants et je fais mon rythme toujours
sans forcer. C’est bien et comme ça je m’économise tout en profitant des
paysages. Nous retrouvons une petite combe qui signale le départ de cette
ascension. Plus on monte, plus cela est pentu ! Je remarque que Nuno commence à
avoir un peu de mal et je l’encourage à rester avec nous ! Nous voici au col à
3200m où je trouve des petits crackers salé ! C’est un peu dur à avaler mais
cet apport en sel me fait du bien et nous basculons de suite en direction du PC
8 au 75 ème kilomètre. Le Tizi Tarharate à 3600m est là devant nous et c’est un
des juges de paix de la course. Je monte bien et je presse un peu le pas mais
Rudy est solide et il s’accroche bien. Cette montée est décomposée en 2 parties
avec une longue combe avec une pente régulière suivie d’une montée plutôt en
crête pour atteindre les 3600m. Pas de soucis avec l’altitude et la vitesse
ascensionnelle est relativement bonne. Le col, le voici et on peut même voir le
sommet enneigé du Toubkal à 4100m!!! C’est des pierriers partout et je me lance un peu
devant Rudy dans cette descente ! Je suis dépité de ne pas voir le PC et Rudy
me le signale plus loin. C’est maintenant que la tête pique un peu avec l’alti
et je dois marcher avant de trouver les tentes du point de contrôle. On me sert
un bon thé menthe et je parle de chez moi avec un bénévole ayant participé à
l’OCC. C’est sympa et je ris encore plus en voyant la belle veste de prof de
ski Suisse d’un berbère aidant l’équipe, ESS Villars ! C’est fou où vont les
pensées en ultra ! Ce n’est pas tout mais le toboggan pour Imlil est devant
nous ! Un vrai pierrier qui m’amuse pendant un moment. Je skie un peu sur les
pierres mais celle-ci me remplissent les speedcross et je suis bon pour un
arrêt. Je suis assez prudent et ça me fait une bonne compagnie d’être avec
Rudy. Derrière un rocher, se cache un point de contrôle et le pire de la
descente est fait. C’est assez pénible car la chaleur se fait de plus en plus
ressentir et le sentier n’est pas très bien tracé. Rudy tombe à deux reprises
et je m’inquiète pour lui. C’est bon le chemin menant au Toubkal est juste
dessous nous et représente comme une autoroute par rapport à ce que nous venons
d’emprunter. On fait un petit arrêt pour un coca dans un shop et nous voici
lancé en direction d’Imlil. C’est plus agréable et je suis presque content de
retrouver du plat et de la piste. Imlil est le Chamonix du Maroc et les
nombreuses boutiques donnent de la vie à ce village. Nous voici au 88 ème
kilomètre, une bonne pause en vue ! Tout va pour le mieux, pas de bobo, tout
est au vert et j’essaie de manger une soupe. C’est reparti après quand même 9 à
10 minutes de stop. J’ai vraiment du plaisir et je suis focalisé sur les 17
derniers kilomètres représentant environ 3 heures de course. Dès le pied de
l’avant dernier col, j’accélère dans la montée et ça réagit bien. Nous
retrouvons les caméramans qui nous suivent pendant 10 minutes dans ce col.
C’est bien d’avoir de la compagnie mais à force de faire ma pipelette, je
ralentis le rythme et perd un peu d’énergie. Nous sommes au sommet avec Rudy
qui tient vraiment bien le choc et nous songeons à finir ensemble. Dans la
descente vers Amssakrou, je crampe aux quadriceps et ça me bloque un peu. Avec
le chaud et en ayant parlé, je n’ai pas assez bu et j’enrage d’avoir cette
crampe ! C’est gérable et je suis content de m’asseoir 2 minutes au PC 13. Mis
à part ça, c’est du bonheur ! Je redonne le rythme et la crampe est bien passée
me permettant de retrouver une bonne allure. Pour le 100 ème kilomètres d’un
trail, ça monte plus que convenablement ! Nous pressons un peu le pas afin de
faire la moitié du col de jour ! C’est fait et nous enclenchons notre Petzl Nao dans la traversée vers le dernier point de contrôle. Je préfère la marche car
le terrain est encore technique et soudain je devine la lampe du contrôle. On
nous prend le numéro de dossard et nous continuons parmi les milliers d’étoiles
de l’Atlas. Allez, encore un effort et notre motivation est la douche après
l’arrivée ! La dernière partie n’est pas donnée car c’est bien raide et
toujours caillouteux ! Finalement, nous y voici au Tizi Oukaimeden ! Je
félicite Rudy et je vois les lumières de l’arrivée. C’est une belle émotion et
Ludo Collet donne de la voie. Je resterais bien une éternité à ce col tellement
il fait bon et je semble être une étoile dans le ciel ! Je me perds dans mes
pensées mais je dois encore bien me concentrer pour ces 200 derniers mètres de
dénivelés descendant ! Nous y voici à l’arrivée !
Pas mal de monde est là et je
suis heureux d’arriver en tête avec Rudy auteur d’une belle course et compagnon
du jour ! Nous parlons avec les organisateurs et Ludo et je retrouve
Martine qui m’attendait ! Je fais quelques photos après la course et ensuite je me repose en attendant Candide qui arrive 4 ème avec Nuno,
bravo à eux!
L'Utat fut une belle expérience et une immersion totale dans l'atlas. Les
nombreux bénévoles ont permis à cette course de bien se dérouler et les
échanges étaient sympathique aux villages de la course. J'ai pu passer du temps
avec les amis Nuno, Carole, Eliseo et parler avec de nombreux trailers. Au
niveau de ma course, les sensations ont été bonnes et la gestion des 80 ers kilomètres m'a permis de bien profiter sans me faire trop mal.
Un magnifique voyage et de souvenirs plein la tête que cet Utat 2014!
Place à du repos quelques jours où je rentre le bois pour l'hiver avant samedi
prochain où je terminerai ma saison avec le trail Mont-Avic chez les amis
valdôtains!
Crédit photo: organisation Utat et jhg
c'est trés bien d'avoir participer au Marathon ultra atlas
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