21h30
et des poussières, me voilà dans les derniers mètres de l’X-Alpine sur la route
de Médran. J’y suis, j’arrive, j’ai fini et je suis juste content d’être là,
simplement finisher. Et si finir n’était pas la quête ultime que chaque coureur
recherche ? C’est ma vision du sport mais c’était quand même chaud
aujourd’hui ! Le temps s’est comme suspendu et j’écoute Ludo le speaker tout
en lui serrant la main. C’est un moment spécial d’être ici et de voir des têtes
connues dans tout les coins. Ludo me connaît, me parle et me raconte une
histoire. Il me raconte qu’un autre Gabioud a fait des siennes : Candide a
fini 2ème de la Traversée, super !!! Il me raconte aussi que
mes élèves de l’école de ski en hiver m’attendaient impatiemment à La
Fouly ! Je suis ému, les larmes ne sont pas loin et la petite histoire est
belle ! Je reste un petit moment et je m’en vais voir Thomas et Candide,
je suis heureux d’être de retour à Verbier !
Un
petit retour quelques heures avant s’impose pour vous parler un peu de cette
première vraie édition de l’X-Alpine. Verbier, 4h du matin, nous sommes lancés
sous les étoiles pour cette grande journée qui s’annonce superbe. D’entrée,
Arnaud Lejeune prend les commandes et je remarque qu’il n’est pas ici pour
rigoler ! Le rythme est plus rapide que l’an passé et après 3km, Arnaud
décide de s’en aller pour un long raid en solo. Je préfère garder mon rythme et
je reste avec un petit groupe quelques minutes derrière lui. Les lueurs des
frontales du 1er départ sont visibles dans le Catogne et je suis
impatient d’y être ! Je cours en compagnie des deux Yan sur la partie de
mise en jambes jusqu’à Sembrancher. On est bien rapide ce matin et c’est
toujours agréable de papoter un peu sur cette partie. La journée est longue
alors autant ne pas trop forcer d’entrée. Je croise Thomas à Sembrancher qui me
ravitaille et je fais le plein pour la montée au Catogne. C’est parti ! Je
suis impatient et j’attaque le pied du Catogne à bon pas avec Yan. On se connaît
bien pour avoir fait une Pierra Menta ensemble il y a quelques années. La Garde,
tout est calme ce matin et je n’ai pas l’impression d’être à une course.
Je
suis curieux de voir où est Arnaud alors je tente de me lancer à sa poursuite.
La montée à l’alpage du Catogne se passe très bien et je marche à grandes
enjambées comme je sais bien faire. C’est une température idéale pour le moment
et les sensations sont bien présentes. Me voici à l’alpage où un ravitaillement
bienvenu a été ajouté. Arnaud est juste un peu au-dessus et il monte fort. Je
commence à ratrapper les concurrents du 1er départ et j’essaie de
garder un rythme correct.
Ouahh !
La crête menant au Catogne est magnifique et j’apercois plein de coureur ouvrant
la voie vers le sommet! C’est un moment magnifique où on fait corps avec la
montagne. Je me laisse déconcentrer en apercevant quelques bouquetins qui
doivent être tout surpris de voir autant de monde. Arnaud est 3 minutes devant
et nous montons pratiquement à la même vitesse. La croix me signalant le sommet
se rapproche et je suis tout content d’arriver au bout de cette énorme montée.
C’est magnifique et je guête le Mont-Blanc au loin et la suite du parcours qui
nous attend. C’est pas tout mais il faut redescendre et quelle descente !
Je demande le passage et les coureurs du premier départ me facilitent assez
bien la chose. C’est une sacrée partie à la fois technique et très raide.
J’assure assez bien tout en effectuant une bonne descente. Champex me voilà
après 3h30 de course. J’y retrouve la famille Corthay et je subis un contrôle
matériel. Tout est ok et me voici en route pour l’Arpette après un arrêt assez
rapide. Je laisse aller un peu mes pensées le long du joli bisse d’Arpette tout
en me préparant pour la suite du menu avec la montée à Orny.
Je marche toujours
à bonne vitesse et on m’indique faussement Arnaud 15 minutes devant. Je ne
prête guère attention à ces infos et je reste bien dans ma course. Les
premières chaleurs pointent sous le col de la Breya dans ce magnifique pierrier
fait de millier de granits magnifiques ! Arnaud est toujours en-dessus de
moi, toujours aussi costaud ! Je suis sur mes terres, mes sentiers et je
ne peux pas lâcher. Je baisse la tête et continue mon slalom dans ce dédale de
pierres. C’est alpin mais j’adore et j’ai beaucoup de plaisir à y courir. Le
col de la Breya se présente et je poursuis en direction de la cabane d’Orny. Je
croise Céline et Bertrand et on échange quelques mots avant que je rejoigne le
sentier de la cabane d’Orny. Ca va pas mal et je longe la moraine du glacier à
bon pas avant de rejoindre la cabane. Je croise ainsi Arnaud qui redescend
alors qu’il me reste 3 minutes de montée environ. Je fais le plein de sirop et
je m’engage dans cette grosse descente vers Saleinaz. C’est une partie qui
demande une grande attention et je me concentre bien pour éviter la chute. Je
suis pas très rapide mais je limite la casse. Par contre, la chaleur se fait de
plus en plus présente et c’est le four en arrivant au fond de la descente à
Saleinaz. Allez courage et en avant pour la maison et La Fouly. Je m’encourage
et j’essaie de courir au mieux la remontée en direction de la Fouly. Les jambes
sont bien et je bois abondamment pour éviter tout coup de chaud et
déshydration. C’est pas évident à gérer et je préfère la marche rapide à la
course. Je retrouve 2 petits skieurs de La Fouly qui m’accueillent avant le
village et c’est assez sympa de parler un peu avec les petits. J’y suis et
c’est toujours particulier de revoir toutes les figures de la station qui vous
encouragent et vous glissent un petit mot.
Je
pénètre dans la tente et je suis bichonné par Sibylle et Thomas. Un peu de riz,
une banane et un peu d’eau et s’est reparti 10 minutes après le premier. En
avant, je suis chez moi et je vais donner mon maximum pour la suite de
l’épreuve. Je repars bien mais la chaleur est bien présente et je marche
beaucoup sur la montée au Barfay tout en buvant beaucoup. J’entends aussi le 3ème
repartir du ravito 15 minutes après mon passage mais cela importe peu à ce
moment de la course. Je pense à toutes les fois que j’ai parcouru ce sentier et
c’est spécial d’y passer en course. Il fait chaud et je commence à
chercher le moindre ruisseau pour baisser ma température. Plan de La Chaux,
Arnaud est un étage dessus mais plus pour longtemps car il va maintenant s’envoler !
Allez Jules, accroche toi ! J’ai chaud et je cherche à me concentrer au
maximum sur mes pas. Je bois beaucoup et j’ai déjà vider plus de 1 litres en 1
heure ! J’ai chaud, je m’arrose mais la tête tourne malgré ma casquette
qui me protège la nuque. J’arrive aux Lacs Fenêtres mais quelque chose a
changé. J’ai quelques petits vertiges et je dois marcher pour garder ma
lucidité. Je rêve de plonger dans ces petits lacs magiques. Non Jules, tu peux
pas lâcher ici, sur tes chemins. Je tente de relancer mais c’est pas top alors
je marche. Le pas se fait plus lourd et j’arrive moyen moyen au col et je sais
que je traine. Je demande un peu d’eau et je reprends un peu mes esprits. Je
sais que j’ai à faire à un sale coup de chaud ! Je glisse sur les fesses
sur le névé pour trouver un peu de fraicheur et je descends très mal jusqu’à
Baou. Cela ne veut pas passer et le combat contre moi-même débute déjà. Je
patiente jusqu’au St-Bernard où je retrouve Elena pour les encouragements ainsi
que Thomas et son papa pour me ravitailler. Toujours présent au bon moment,
toujours réconfortant. J’enfile les chaussures Salomon Sense Mantra avec plus
d’amorties et je croque un morceau de patate en continuant vers le chemin des
Chanoines. La raison revient et l’énergie un peu jusqu’au col des Chevaux. Je
prends le temps de fixer mes bâtons et d’apprécier le fabuleux paysage. Je pars
prudemment dans cette partie et je retrouve bien des couleurs le long du lac
des Toules. Tant mieux, le sourire revient et l’envie aussi.
Allez !
Bourg-St-Pierre arrive assez vite finalement et je papote à nouveau. Je suis
bien mieux et je limite la pause. En avant pour Mille, motivé et un peu
ressourcé, c’est sûr ! J’encourage les coureurs de la Traversée et pars
dans le four de Creux du Mât. C’est encore plus chaud et je trouve toutes les
sources d’eau pour m’arroser. Je suis encore assez bien mais pas très rapide…
Je fais la queue à la fontaine et je blague avec les gens de l’alpage. La tête
est là mais plus pour très longtemps. Ah mince, quelques vertiges reviennent et
je dois ralentir, beaucoup ralentir pour tenir. L’objectif de finir prend alors
tout son sens et je n’avance plus ! Je patiente en me concentrant et en
pensant à la suite. J’arrive peniblement à Mille où je suis bof bof. Je m’assieds
2 minutes en tentant de retrouver mes esprits. C’est frustrant car je suis
lucide mais je manque de force. C’est dur mais c’est dans ces moment qu’il faut
être le plus fort pour surmonter les difficultés et continuer. Survivre jusqu’à
Verbier, voilà l’objectif. Je me sens à nouveau un peu mieux dans la descente
et je suis à nouveau plus lucide. C’est drôle car les jambes sont super et je
descends pas mal du tout vers Plenadzeu. En arrivant vers Lourtier, mauvaise
surprise avec un rajout sur route 4x4 inutile pour arriver dans le village.
C’est inintéressant et je parle un peu avec Roland pour changer les idées.
Revoilà Thomas à Lourtier où je suis content de le voir et je pense bien
qu’il m’attendait un peu avant ! Je suis lucide et je papote un peu. Ca va
mais pas pour longtemps. Je repars et c’est plus la grande vitesse, je suis
collé au sentier. Finir, juste finir me suffira. Ryan me reprend et je continue
à mon rythme de randonneur la montée en direction de La Chaux. Je patiente et
je baisse la tête en espérant la lever et voir enfin le bout de mon périple. Je
sors de la forêt et je suis au Mintzet mais les forces sont parties, je suis en
pilote automatique et je prends pas un énorme plaisir à monter. Ouh, quelques
maux de ventre et je vomis un peu. Je suis définitivement mal ! La bonne
chose est qu’il me reste environ 1h de course si ça va. Je titube pour arriver
à La Chaux où je retrouve Thomas et son papa. Il me rebooste et avec toute
cette attention et gentillesse, je ne peux que finir !
Mes
yeux sont rivés sur une seule chose, le superbe coucher de soleil vers les
Dents du Midi. Cela a du bon de faire un peu plus long et je laisse venir les
rêves et la magie de la montagne s’empare de moi. Je suis hors course et je
suis juste au milieu de la nature, c’est trop beau. Allez !!! Je plonge
pour rejoindre Clambin un peu plus déterminé et pour garder cette 3ème
place. Comme par magie, cela descend tout seul et peu avant la nuit je retrouve
Ludo que j’attendais depuis de nombreuse heures pour me conter une petite
histoire.
MERCI
aux organisateurs pour le travail, MERCI à la famille Corthay pour cette assistance
top et leur soutien et MERCI aux nombreuses personnes vues sur le
parcours ! J’ai
tout donné avec la forme du jour, avec mes tripes et mes jambes mais c’est ma
tête qui m’a finalement amené ici à Verbier.
X-Alpine,
c’était dur mais inoubliable !!!