29 août 2011

CCC 2011: Avec le cœur et la tête…

C’est extrêmement motivé que je me suis préparé pour cette CCC, dernier échelon avant le Tor des Geant le 11 septembre! En compagnie de mes amis des Lafoulytrailers, je me suis déplacé jeudi à Courmayeur. Dès notre arrivée, le ciel est sombre et des orages menacent. Il va décidément falloir prier pour éviter les gouttes. Après une bonne nuit de sommeil, le jour J est arrivé. A 9h nous recevons les premières infos du changement de parcours : la Tête de la Tronche est gommée du parcours au profit d’une montée direct sur Bertone et la fin de course est entièrement chamboulée avec un passage à Martigny et Argentière. Forcement ces modifications vont rendre cette course plus roulante surtout à partir de Trient ! Malgré ma parfaite connaissance de la région, tout cela me stresse un peu et un passage à Martigny ne m’enthousiasme guère!


9h45 je suis sur la ligne de départ, l’accès est facile et je me place tout devant. Je glisse quelques mots à mon ami Christophe le Saux et au speaker Silvano ! Je suis confiant et super enthousiaste, une belle aventure comme tous les ans ! 10h, c’est parti !!! Le rythme n’est pas trop violent et je reste dans les premières positions durant la boucle dans Courmayeur, les spectateurs sont nombreux et l’ambiance est superbe ! Je ne m’enflamme pas et je laisse partir les favoris : Thévenard, Jorro et autre Kalofyris. Dès l’entrée du hameau de Villair, je préfère marcher. Il fait chaud et je n’attend qu’une chose, la montée, la vrai, sur Bertone. Les coureurs sont partis très vite et je perds beaucoup de place, j’aperçois Virgine Govignon qui me dépasse sur la route en terre ! Je bifurque pour prendre le chemin et d’entrée j’accélère. Je dépasse quelques trailers mais rapidement je remarque que je ne décolle pas du chemin ! Ca ne va pas, je pioche sur une montée pourtant agréable et connue, j’ai l’impression de ne pas avoir le « turbo » habituel ! C’est un moment difficile mais je baisse la tête et avance pas par pas ! Au bout de 48 minutes, j’arrive enfin au refuge où j’espère bien aller mieux et pouvoir courir le balcon du Val Ferret. Malheureusement, dès les premiers mètres descendant, je n’ai pas de force dans les cuisses et je n’arrive pas à accélérer ! Le ventre me tiraille et je n’ai pas le choix que de marcher la totalité des remontées. Pas de relance, pas de force et des problèmes de ventre, ce beau Val Ferret Italien va être un vrai calvaire ! Je n’ai déjà plus qu’une chose en tête, Terminer !!! Et tout cela après seulement 7-8km ! J’essaie tant bien que mal de manger quelque chose mais ça ne passe pas. Quelques trailers m’encourage, voici au moins une chose à laquelle je peux m’accrocher.


J’arrive péniblement au refuge Bonatti où je bois 2 coca et fais le plein d’eau. Dans ma tête, je cherche uniquement à aller point par point, c’est dur, je n’ai pas beaucoup de plaisir mais abandonner ne me traverse même pas l’esprit ! En direction d’Arnuva rien ne change, aucune relance mais l’estomac va mieux et je reprends des couleurs ! Je suis un peu frustré et je lâche tout dans la descente sur Arnuva, j’y prends enfin du plaisir et j’ai l’impression de m’envoler… Peut-être que ça revient ? Je passe le ravito en buvant un coca et je me lance dans la montée du grand col, j’arrive chez moi, sur mon terrain ! Je vais me battre jusqu’au bout. Je cherche mon rythme jusqu’à Elena et je rejoins peu après Stéphane Fournier qui m’encourage. Je tire sur mes bâtons et je parviens au grand Col après 50 minutes de montée. J’ai repris une vingtaine de coureurs et la motivation est grandissante ! Je m’engage à fond dans cette descente. Si je veux rester dans la course, c’est maintenant ou jamais. Je fonce et après 15 minutes je suis déjà à la Peule, les jambes sont d’enfer ! Je passe Xavier Thévenard et Eric Lacroix dans la traversée sur Plamproz. Il me reste à plonger sur Ferret et remonter au Barfay avant La Fouly. Je garde un bon rythme et j’arrive à la Fouly en 3h56. J’ai réussi à bien remonter et je suis pointé 18ème ! Ravito éclair et départ pour Champex. Comme l’an dernier, à cause des crues, le parcours rejoint la route sur 3-4 kilomètres. Sur cette partie, je ressens à nouveau des maux de ventre et il me faut à nouveau temporiser. Je n’arrive presque pas à m’alimenter et manque de force pour relancer… Je baisse la tête et j’espère me refaire une santé dans la montée sur Champex. Heureusement que je connais le parcours par cœur, cela m’évite d’être découragé.


A la sortie d’Issert, je repars d’un bon pas ! Cette montée est courte et assez sympathique, je l’ai balisé avec mon frère 2 jours avant. J’arrive au ravito de Champex et comme à Arnuva l’estomac va mieux. Je cours au bord du lac de Champex tout en encourageant les coureurs de la PTL. J’emprunte depuis Plan de l’Eau le parcours de repli en direction de Martigny. Je connais la route pour y faire mes sorties en vélo mais le chemin tape beaucoup et la transition chemin – route n’est pas très agréable. J’arrive néanmoins à faire une bonne descente et je rejoins Julien Jorro à Bovernier. Il n’est pas au mieux, je me sens assez bien et à priori les problèmes du début de course sont derrières moi. Le chemin jusqu’à Martigny est exigeant, c’est une suite de montée et descente avant d’enfin rejoindre le parcours vita et le ravito à la gare. A Martigny, la chaleur est étouffante (31°) et je ne tarde pas trop, direction la Forclaz. La montée sur la route est extrêmement raide et pentue, un vrai mur ! Durant toute la montée, le parcours alterne route et chemin mais tout est toujours raide ! Déjà que je n’appréciait pas beaucoup le col en vélo, à pied ce n’est pas mieux. A la moitié de la montée, je commence à ressentir des crampes sur les quadriceps, la douleur devient limite supportable et je dois m’arrêter quelques fois ! Je souffre le martyr, je pense que je n’ai jamais eu aussi mal en course! Je bois un maximum, prend du sel et des bonbons… Je ne peux pas lâcher, je n’ai pas le droit ! Je m’habitue à la douleur et j’arrive à alterner petit et grand pas pour être soulagé ! Satané début de course où je n’ai rien mangé. La Forclaz, enfin j’y arrive ! Sur les premiers mètres de plat, je suis incapable de courir, je suis comme bloqué. Voilà, je trouve un petit rythme de course et c’est bon, il faut juste que je me laisse rouler sur Trient. Je gère la douleur et en descente cela va bien. Au ravito, ma famille et des amis me soutiennent. Je prends 5 minutes pour respirer, manger et avoir des infos sur le parcours. Je crains le final, qui est roulant et je doute surtout sur mes capacités à courir ! Je repars de Trient et je croise Julien Jorro, on s’encourage, c’est sympa. Sur le bord de route vers Tête Noire, je cours sans me poser de question. Et dire que je rigolais la semaine précédente en voyant ce chemin au bord de route depuis la voiture !


Je passe au Jeurs à 19h05 et il commence à avoir quelques gouttes. La partie jusqu’au télésiège des Esserts est interminable et tout en montée sur route en terre, dans ces moments il faut être positif et penser à l’arrivée ! Je passe au télésiège et je plonge sur l’ancienne descente de 2008 qui alterne route et chemin technique. Je vois mon frère au pied de la descente et je lui indique ce dont j’ai besoin au ravito ! Il me fait un pointage et m’encourage énormément, le top 10 est 7 minutes devant. Je prends la frontale et le pull et je pars tête baissée pour le col des Montets. L’adrénaline me pousse à courir et j’alterne marche et course jusqu’au col. Au col il commence à pleuvoir, qu’importe je vais tout donner jusqu’à la ligne. Je pars à fond, je passe Trélechamp à vitesse grand V, ça me paraît impossible mais je dois être à en tout cas 15km/h. Dans ces moments la douleur s’envole et le mental vous emmènes vers des choses impossibles ! Je passe Argentière, je suis revenu à 3 minutes, un scénario incroyable peut s’écrire ! Bastien Fleury m’encourage et m’explique la fin du parcours par les Tines. Il flotte, je ne vois rien, juste les balises réfléchissante avec ma lampe. Je cours tout ce que je peux, le terrain fait de racines et de pierre est super dangereux. Qu’importe, je vais tout tenter ! Je revois Bastien au pointage des Tines, il m’encourage et me dit « 1 minute » ! Je vais y arriver ! Je continue et je cours toute les montées ! OUI, je vois les frontales du 9 et 10ème, je vais y arriver ! Je passe le 10ème et je continue sans me retourner. Mussard 9ème c’est détaché et est 1 minute devant. Je fonce et j’arrive à l’entrée de Chamonix ou je vois Candide et Bastien. Je savoure les derniers mètres et je termine 10ème en 11h35 d’une course folle ! Je suis heureux et tombe dans les bras de ma famille. Ce fut si difficile mais tellement haletant au final. J’ai mis tout mon cœur, mes tripes dans cette course et cela vient confirmer une chose : en ultratrail rien n’est écrit d’avance !!!

Merci à ma famille et mes amis pour le soutien et les encouragements ! Vivement l’an prochain !

3 commentaires:

  1. Encore bravo!! Tu as croché jusqu'au bout! Tu as un mental extraordinaire!

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  2. félicitaions Jules Henri et quelle course !!! Damien Vouillamoz

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  3. Bravo Jules-Henri, tu le mérites, belle gestion de course!

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