C’est donc du village de Morgex tout près de Courmayeur qu’est donné le départ de cette 5ème édition. Le ciel se dégage et le temps sera avec nous pour cette belle journée. Le départ est très bucolique dans les petites rues de Morgex, bref, une super journée en vue ! Le rythme est tranquille et personne ne veut prendre la tête. Je reste dans les 3-4 premiers et je laisse aller sur les premiers kilomètres qui nous amènent au pied du bivouac Pascal. La chaleur est étouffante et je préfère marcher plutôt que de trop forcer avant la montée. Je perds une dizaine de places et je dois être vers le 15ème rang ! Pas de souci, car je sais ce qu’il m’attend ! Le doux nom de bivouac Pascal, lieu du 1er ravito cache en fait une montée monstrueuse de 2000m+ depuis Morgex pour 7km de montée pure. Il n’y a pas meilleur départ pour un trail, c’est d’enfer…
Je prends donc mes bâtons et je me lance à l’assaut de ce mur ! Rapidement je remarque que je transpire énormément, la chaleur est étouffante. Un vrai brasier… Je veille donc à bien m’alimenter et surtout à bien boire.
Je prends un super rythme et je remonte les autres trailers 1 à 1. Je passe 6ème à Villotaz et je guette le sommet où le brouillard traîne un peu, tant mieux la température sera meilleure. Je continue ma remontée et je passe Ghezzi et Vuillermoz pour me retrouver en 2ème position. Le 1er a fait un joli trou et on m’annonce 3 minutes derrière lui, je ne pourrai pas le rejoindre. Sur l’arrête sommitale, je temporise un peu pour avoir encore des ressources dans la descente. Voilà le bivouac, perché à 2920m, les nuages m’empêchent d’avoir un panorama grandiose. Je pointe 2ème en 1h52 soit une bonne dizaine de mieux que l’an dernier, tout va bien et je prends vraiment le temps de me ravitailler. L’an dernier, j’y avais commis une grosse erreur en sautant ce ravito !
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C’est parti pour le tobbogan en direction de Courmayeur avec donc 1700m de dénivelé négatif. Le début de la descente traverse quelques névés jusqu’au col Licony où le premier est toujours un peu devant. Ensuite au col je bifurque à gauche et je descends un couloir fait de petites épingles avec un chemin très raide. J’assure bien le pas et je me fais passer par l’italien Matteo Ghezzi, il descend très rapidement et fonce sur Courmayeur à vitesse grand V, impressionnant... Je commence à être plus à l’aise mais Diego Vuillermoz revient sur moi, il descend bien et nous continuons en commun la descente. En 45 minutes, nous arrivons dans les rues de Courmayeur, les touristes ne doivent rien comprendre car nous courrons et slalomons dans la rue piétonne.
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Me voilà au ravito, Candide me rempli le sac et me donne quelques infos : Ghezzi a 5 minutes d’avance mais il ne s’est pas arrêté. Cette phrase résonne dans ma tête pendant que je bois calmement mon coca, j’aperçois aussi le 1er au bivouac qui a l’air dans un mauvais état. Ghezzi a peut-être commis une grosse erreur, la course me le dira… Je repars tout en oubliant mon gobelet, je fais demi-tour et Candide me le donne vite fait.
Je continue à travers Courmayeur en direction de Dolonne, heureusement que Candide m’a donné quelques infos car les marquages sont rares. C’est donc parti pour le col del Arp, le parcours jusqu’à la Thuile correspond au Tor des Geant, de quoi faire une bonne reco. Dès le pied du col, je reprends Vuillermoz, je garde un super rythme de marche sur cette montée, j’adore ce type de chemin ! Je sors de la foret et un bénévole m’annonce Ghezzi 3 minutes devant. Au passage d’une clairière, je l’aperçois. Je sais que je vais revenir ! Je le passe sur la route de l’alpage, il n’est pas au mieux et je l’encourage un peu… Je continue sans me poser de question, le parcours est de plus en plus sauvage et je sens que je me rapproche du sommet, c’est très beau. Sur la partie plus plane avant le dernier mur pour arriver au col, je ne relance même pas, je marche au plat afin d’avoir du jus pour les 200 derniers mètres de montée. Les bénévoles m’encouragent et je donne tout dans les derniers lacets avant le sommet ! Je jette un coup d’œil derrière et Ghezzi doit être à 7-8 minutes. Je suis à sec, plus d’eau, je me contente de 2 verres au col avant d’attaquer la descente. Je mange un bout de barre et je pars en courrant, Ghezzi semble être un excellent descendeur, il faut se bouger. Je perds un peu le chemin et je me retrouve droit dans la pente herbée, je tombe 3 fois sur les fesses tellement l’endroit est raide. Mince, je ne dois pas être trop lucide ! Je marche et je retrouve enfin le chemin, c’est bon mais je serre les dents et j’attends le ravito de Youlaz dans 3 km. Je l’aperçois au loin mais je crève de soif, j’ai envie de me jeter dans le torrent et de boire des litres d’eau… J’arrive au ravito dans l’anonymat, on me demande même sur quelle distance je suis ? Bref, moi je veux de l’eau, c’est tout ! C’est donc rempli que je pars de Youlaz pour La Thuile.
La descente sur la route en terre et goudron fait mal et j’ai l’impression de coller au goudron, j’imagine déjà un autre concurrent me doubler comme une fusée. Je sors enfin de la route 2 kilomètres avant le village. J’empreinte maintenant un joli sentier à flanc de coteau. Une bénévole m’annonce le deuxième 4 minutes derrière, je stresse un peu. En plus je dois ôter ma chaussure pour enlever un petit caillou. Je me force à courir et j’arrive au ravito en 5h01, Candide est là et il m’aide à nouveau. Deux verres de coca et je repars, Candide me soutient énormément et je vais tout donner pour arriver au bout ! Je pars en trottinant en direction de Petozan. Sur ce chemin j’alterne course et marche en montée, je gère, plutôt je ne peux pas aller plus vite. Avant le dernier point de contrôle des Granges, j’aperçois Ghezzi, je dois encore avoir 4-5 minutes d’avance, ça va ! A ce moment, je souhaiterais une montée, une vrai, histoire de ne plus être rejoint. Je me contente de petit mur et de relance sur le plat, c’est dur ! Je souffre, je baisse la tête et je cours, voici Petozan enfin ! Encore 2 kilomètres de plat et je n’aurais plus qu’à me laisser aller sur Morgex. Le plat passe encore bien mais je commence à manquer de lucidité, c’est un mauvais moment ! Je n’aime pas cet état où on ne contrôle pas tout ce que l’on fait ! Je me concentre au maximum dans la descente et je lâche tout, je suis persuadé que derrière on me chasse, on me cherche… La descente sur route en terre me fait souffrir, qu’importe, dans ma tête un seul mot d’ordre : MORGEX ! Je sors de la route et je m’engage sur un petit chemin très raide, une famille m’encourage et une minute après il me semble qu’on encourage quelqu’un à nouveau, mince le 2ème arrive ! En fait sans le savoir, j’ai 15 minutes d’avance… Je ne réfléchis plus et je descends comme un fou dans cette forêt, dans ces moments il n’y a pas de douleur, il n’y a qu’une chose, l’arrivée ! Je vois l’autoroute, c’est bon signe, un bénévole m’indique 1 kilomètre. Je passe sous la tente du repas d’après course sous les encouragements, je ne sais plus où je dois aller ! On me crie de continuer jusqu’au village ! J’y arrive en tête après 6h17 d’effort et 55 kilomètres!
Alessandra Nicoletti la directrice de course et le speaker m’accueille, je salue le public et réponds à quelques questions. C’est super sympathique ! Grâce à Candide, je retrouve mes esprits et je me repose en attendant le 2ème. Celui-ci arrivera 18 minutes après, bravo il a fait aussi une belle course ! Je devance donc au final les Italiens Ranieri et Marchetti
Merci aux Valdotains pour ce super trail Valdigne, l’ambiance est garantie et la région est très accueillante et magnifique.
Je vais maintenant profiter des prochaines semaines pour bien préparer la CCC et le Tor des Geant, la course de tous les superlatifs !
Photo de Jérome Debize dans la descente de Licony
bravo pour ta victoire, c'était super de te suivre!
RépondreSupprimerCandide
Bravo pour tout et pour tes récits enthousiastes et passionnants!! Merci de nous faire vivre tes courses !! Go Go Go! Patou
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